La vallée des 9 cités by Bernard Simonay

La vallée des 9 cités by Bernard Simonay

Auteur:Bernard Simonay [Simonay, Bernard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


31

L’animal ressemblait à s’y méprendre à un cheval, mais ce n’en était pas un. Sa tête était un peu plus courte et ses yeux aux pupilles en amande rappelaient ceux des chats. Ses jambes avaient une forme légèrement différente et ne se terminaient pas par des sabots, mais par des griffes. Et surtout, sa bouche s’ornait des crocs que l’on voit aux carnassiers. Une superbe crinière fauve parait sa tête et son cou. D’ordinaire, les grands animaux dégageaient une odeur puissante. Ce n’était pas le cas de celui-ci.

La bête se mit à feuler doucement en retroussant ses babines sur deux rangées de crocs spectaculaires. Derrière l’animal, Hegon aperçut le cadavre ensanglanté du maravène qu’il poursuivait. Le fauve était, lui aussi, en chasse et avait ravi sa proie. Le premier réflexe du jeune homme fut d’armer son arbalète, même si celle-ci semblait dérisoire face à la masse puissante de l’animal. Et puis, il répugnait à abattre un si bel animal. Il y avait dans son allure quelque chose de royal.

L’animal baissa la tête et la secoua doucement sans cesser de fixer Hegon dans les yeux, comme pour deviner quelle sorte de gibier il était. Le jeune homme hésitait à se servir de son arme. Mais il était en danger. L’animal commençait à avancer dans sa direction. Il était hors de question d’essayer de fuir. Le fauve l’aurait rattrapé en quelques bonds. Alors, sans vraiment comprendre ce qu’il faisait, il focalisa sa puissance mentale sur la bête. Celle-ci marqua un temps d’arrêt, puis agita sa crinière comme pour chasser un insecte. Hegon s’attendait à ce qu’elle charge, mais elle n’en fit rien. L’animal s’était de nouveau immobilisé et le contemplait de son regard étrange. Il gronda sourdement, puis l’éclat de son regard parut s’intensifier. Simultanément, Hegon perçut en retour le choc d’une investigation mentale. L’animal était, lui aussi, doté du shod’l loer !

Une puissance impalpable entra en lui, comme pour le sonder.

Laissant parler son intuition, il renforça son émission mentale, sans chercher à s’opposer à l’examen dont il était l’objet. Il ne ressentait pas vraiment d’hostilité, plutôt de l’étonnement. Il sentit s’infiltrer en lui d’étranges tentacules invisibles. Suivant toujours son instinct, il laissa l’animal fouiller son esprit.

Soudain, derrière le fauve surgit une harde d’une vingtaine d’individus. Il se crut perdu. Quelques fauves intrigués voulurent approcher. Il n’émanait pas d’agressivité de leur part, mais une intense curiosité. Celui avec lequel Hegon avait noué le contact poussa alors un feulement puissant, qui fit reculer les autres. Le jeune homme comprit que, d’une certaine manière, il l’avait protégé. Il se concentra à nouveau sur l’animal.

Il n’aurait su dire combien de temps dura ce contact insolite. Peu à peu, il pénétra plus profondément dans les schèmes mentaux du fauve, comme si celui-ci l’invitait à le connaître. Ce fut un apprivoisement réciproque, une émotion d’une qualité exceptionnelle. Hegon prit conscience qu’il était en train de tisser avec l’animal un lien qui jamais ne se déferait.

Tout à coup, la bête avança vers lui d’un pas lent. Hegon, pétrifié, n’osait plus faire un geste.



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